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Gestion de la COVID19 en Afrique, le RZMAPS plaide pour les couches vulnérables

Dernière mise à jour : 30 août 2020




Dans une déclaration publiée le 30 juillet 2020, le Réseau Zonal Multi Acteurs de la protection sociale en Afrique de l'Ouest (RZMAPS-AO) appelle les Etats à des actions fortes afin de protéger les personnes déjà vulnérables notamment les travailleurs et travailleuses du secteur informel, les femmes et les jeunes contre les impacts économiques de la pandémie.


Ci-dessous l'intégralité de la déclaration


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Déclaration du Réseau Zonal Multi Acteurs de Protection sociale de l’Afrique de l’Ouest (RZMA-PS/AO) sur la gestion de la pandémie de COVID-19


Le Réseau Zonal Multi Acteurs de Protection sociale de l’Afrique de L’Ouest (RZMAPS-AO) dans le contexte actuel, s'inquiète de l'impact de la pandémie de COVID-19 dans le monde en général, et en particulier en Afrique qui connait de fortes inégalités sociales. En effet, la population couverte par au moins une prestation de protection sociale en Afrique est de 17,8%. Et en Afrique Subsaharienne elle est de 12,9% contre 45,2% dans le monde . Nos populations seront donc incapables de couvrir les besoins fondamentaux de leur vie pendant cette pandémie générant ainsi un état de grande vulnérabilité.

Cette situation impactera plus le secteur informel en Afrique subsaharienne qui est l'une des régions où l'économie informelle pèse le plus avec une moyenne d'environ 38 % du PIB entre 2010 et 2014 contre 34 % pour l'Asie du Sud-Est et 23% pour l'Europe selon le Fonds Monétaire internationale. L’OIT estime qu’en Afrique, 85,8% des emplois sont informels. L'expansion de la COVID-19 dans le monde paralyse l'économie. L'OIT a récemment publié un rapport avertissant qu'entre 5,3 et 24,7 millions d'emplois formels sont menacés par la COVID-19, et que l'impact le plus important sera observé chez les 2 milliards de travailleurs informels dans le monde. Parmi ceux-ci, plus de 740 millions sont des femmes. Les femmes sont davantage exposées à l’emploi informel dans la plupart des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire inférieur et se trouvent plus souvent dans les situations les plus précaires. Il est aisé de comprendre les conséquences de cette pandémie chez les femmes qui vont perdre leur gagne-pain quotidien dans certains cas et dans d'autres, ne pourront tout simplement pas se permettre de rester à la maison pour éviter d'être infectées et ne pas générer de revenus, car la sécurité alimentaire des enfants et des personnes âgées dépend en grande partie d'elles.


Implication des mouvements sociaux


En réponse à la COVID-19, nous reconnaissons que les gouvernements mettent en œuvre des actions basées sur des stratégies d'urgence telles qu'elles ont été préparées, en essayant de minimiser l'impact de cette pandémie. Cependant, nous constatons que les mouvements sociaux sont faiblement ou ne sont pas du tout inclus dans la réflexion et l'application de ces mesures d'urgence dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest.


Financement de la crise-corona


Compte tenu de l'état d'urgence sanitaire, en tant que réseau multi-acteurs de protection sociale, nous nous joignons à l'appel mondial pour que soient prises des mesures politiques efficaces ayant un impact économique et social telles que la création d'un fonds mondial pour la protection sociale. Il y a encore beaucoup de questions à répondre à ce sujet, notamment le financement d’un tel fonds, l’implication de la société civile, le rôle de l’OIT à cet égard (qui nous semble crucial). Nous demandons également "l'annulation de la dette à payer en 2020 et 2021 immédiatement et de manière permanente, sans délai, par différents pays et en particulier ceux dits, les moins avancés, afin de libérer des ressources qui contribuent à disposer de liquidités pour développer les services de santé et de protection sociale" ; que cette mesure englobe tous les créanciers extérieurs, y compris les organisations multilatérales et les créanciers privés. Nous proposons également que la politique fiscale soit progressive, c'est-à-dire que les grandes entreprises multinationales paient davantage pour contribuer à la protection sociale, notamment dans les systèmes de santé et en particulier, ceux visant l’accès aux soins de santé de qualité aux populations pauvres ne bénéficiant d’aucun système formel de protection sociale. Nous souhaitons qu’il soit envisagé de geler le coût du panier de base afin qu'il soit accessible face à un manque de ressources économiques.


La santé


En tenant compte de la santé, nous demandons des mécanismes d'inclusion au profit des secteurs les plus vulnérables par la pandémie, c'est-à-dire que tous les pays aient un système de santé universel et solidaire pour tous et dans toutes les structures de santé pour les personnes atteintes de COVID-19 sans discrimination. Cela signifie que la priorité doit être donnée à ceux qui ont été exclus du système de protection sociale ou qui ne peuvent pas rester à la maison pour éviter l'infection, comme les travailleurs ruraux, les travailleurs domestiques, les femmes chefs de famille, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les immigrants et les travailleurs indépendants.


Protection des emplois


Concernant la protection des emplois par une approche juridique : nous comprenons mieux que le secteur des travailleurs doit maintenant être protégé contre les violations des droits et/ou la duplication de la charge de travail. Nous devons également développer des stratégies avec les entreprises qui les emploient et, en cas de fermeture d’entreprises, générer des politiques publiques d’emploi, de formation et de reconversion professionnelle qui guident la transition des salariés vers de nouvelles formes d'emploi sans réduction des droits sur la base des textes législatifs qui les régit. Nous pensons également que le dialogue social inclusif et la négociation collective avec une perspective de genre, sont les principaux outils pour garantir le dialogue et la réduction des chocs causés par la pandémie. En ce sens, il est fondamental de garantir le dialogue social et la négociation collective jusqu'à ce que la crise soit surmontée.


Les femmes


Pour ce qui est du genre, nous exigeons une stratégie efficace pour l'inclusion des femmes dans les décisions politiques sur l'application des mesures d'urgence et dans les futures politiques publiques qui devront être élaborées pour surmonter la situation actuelle. Nous demandons des stratégies spécifiques pour l'autonomisation et le redressement économique des femmes, en envisageant des programmes de transferts monétaires et sociaux de toutes sortes, afin d'atténuer l'impact de l'épidémie et des mesures d'endiguement, y compris le soutien à leur rétablissement et leur résilience aux crises futures.


Les jeunes


La pandémie inflige un triple choc aux jeunes : non seulement elle ruine leurs perspectives d’emploi, mais elle perturbe aussi leurs études et leurs formations, et constitue une entrave pour ceux qui veulent accéder au marché du travail ou cherchent à changer d’emploi. Pour ce faire, nous demandons l’adoption de réponses urgentes, à grande échelle et ciblées pour soutenir les jeunes, par exemple sous la forme de vastes programmes de garanties d’emploi et de formation dans les pays développés, et de programmes à forte intensité d’emploi et de garanties d’emploi dans nos pays à faible revenu économique, à revenu faible ou intermédiaire.


Un environnement sûr au travail


Aussi, est-il impérieux de procéder aux tests de dépistage massif comme le recommande l’OMS afin de créer un environnement sûr pour le retour au travail. Des tests et un dépistage rigoureux de l’infection à la COVID-19 entraînent beaucoup moins de perturbations sur le marché du travail et sur le plan social que les mesures de quarantaine et de confinement.

En plus de ce qui précède, notre réseau multi-acteurs de protection sociale pense que c'est le moment idéal pour mettre en place des politiques publiques d'urgence.


Combattre le COVID-19 avec les normes internationales du travail


Ainsi nous soutenons l’appel de l’OIT en faveur de mesures immédiates et urgentes pour soutenir les travailleurs et les entreprises, qui s’articulent autour de la stratégie de l’OIT pour combattre la COVID 19 avec les normes internationales du travail, en quatre piliers :

1. Stimuler l’économie et l'emploi à travers:

a. Une politique budgétaire active ;

b. Une politique monétaire conciliante ;

c. Des prêts et un soutien financier à des secteurs spécifiques, y compris celui de la santé.

2. Soutenir les entreprises, les emplois et les revenus :

a. Étendre la protection sociale pour toutre et pour tous ;

b. Appliquer des mesures de maintien des emplois ;

c. Accorder aux entreprises des aides notamment financières/fiscales. Une attention particulière devra être portée aux petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu’aux coopératives des jeunes et des femmes affectées par le COVID-19, en vue de leur faciliter la relance ; à cet effet, la promotion et le renforcement de modèles alternatifs d’économie sociale et solidaire s’avère être une impérieuse nécessité.

3. Protéger les travailleurs sur leur lieu de travail :

a. Renforcer des mesures de sécurité et santé au travail ;

b. Adapter des régimes de travail (par exemple le télétravail) à la nouvelle réalité ;

c. Empêcher la discrimination et l’exclusion ;

d. Permettre l’accès à toutes et tous aux services de santé ;

e. Étendre l’accès aux congés payés

4. S’appuyer sur le dialogue social pour trouver des solutions :

a. Renforcer les capacités et la résilience des organisations d’employeurs et de travailleurs ;

b. Renforcer les capacités techniques des cadres gouvernementaux ;

c. Renforcer le dialogue social, les négociations collectives, les institutions et les procédures de dialogue social


Développement de système de protection sociale universelle


Cette crise sanitaire mondiale, interpelle désormais la conscience collective quant au développement de systèmes de protection sociale pour toutes et tous basé sur le cycle de vie dans nos Etats. L’Agenda 2030 de l’ONU, l’agenda 2063 de l’UA et les différents instruments de l’OIT sont plus que d’actualité. La protection sociale peut jouer un rôle essentiel au moment et après des catastrophes et des conflits, à travers des mécanismes comme les transferts monétaires et alimentaires en vue de soulager des besoins humains fondamentaux et immédiats, mais aussi en les intégrant dans une stratégie de durabilité. La mise en place de systèmes de protection sociale, y compris une sécurité élémentaire de revenu et un accès à des soins de santé essentiels (notamment les 4 garanties prévues par la recommandation 202 de l’OIT), aide non seulement à améliorer les moyens de subsistance des ménages et des individus pauvres et vulnérables, mais permet aussi de renforcer la résilience des sociétés et de consolider leurs capacités à faire face à de futures catastrophes.


Fait à Cotonou le 30 Juillet 2020

Le Réseau Zonal Multi-Acteurs de Protection Sociale en Afrique de l’Ouest



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