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André Kiekens, Secrétaire Général de WSM « Des partenaires de WSM en Afrique, nous en sommes fiers »
Présent à Conakry en République de Guinée courant mars 2018 pour participer aux journées de la mutualité guinéenne, rencontrer des autorités guinéennes et les organisations partenaires de son organisation dans le cadre de la réunion du Comité de Coordination et de Facilitation, le Secrétaire Général de WSM, André Kiekens, a accordé une interview à la cellule communication de Réseau zonal multi-acteurs de protection sociale (RZMAPS). Il a d’abord apprécié la bonne évolution du RZMAPS et les efforts des organisations membres ainsi que les organisations partenaires de WSM en Afrique. Les progrès en termes de protection sociale, la qualité du partenariat avec les organisations africaines, le réseau international de la protection sociale ont été au menu des discussions.
Vous participez à la réunion du Comité de Coordination et de Facilitation du Réseau Zonal Multi-Acteurs de Protection Sociale de l’Afrique de l’Ouest pour la première fois, quelles sont vos impressions ?
C’est d’abord un grand plaisir pour moi de participer en effet pour la première fois à cette réunion. Mon impression est que ce réseau zonal multi-acteurs de protection sociale est déjà très bien avancé. C’est un réseau assez jeune qui n’existe que depuis 2015 et qui s’est déjà bien structuré. J’ai constaté qu’il y a des liens assez forts entre tous les participants. Les points focaux (représentants des pays) sont bien expérimentés et une confiance mutuelle s’est instaurée.
Tout ceci est perceptible dans le progrès constaté dans les activités, les séminaires d’apprentissage et les actions de plaidoyer qui ont été organisés bien évidemment, avec le soutien de Solidarité Mondiale à travers notre Bureau à Cotonou. Il y a une stratégie de plaidoyer politique qui s’installe avec des réussites et pas mal d’influences dans certains pays de la Zone. J’ai aussi assisté à la façon dont ils ont apporté de la capacité et de l’expertise lors des Journées de la Mutualité ici en Guinée, pour lesquelles le Réseau National Plateforme de la Protection Sociale en Guinée (PPSOGUI) a invité le Réseau zonal multi-acteurs pour lui apporter justement la connaissance et l’expérience des autres pays.

Cela m’a réjoui à plus d’un titre. C’est vraiment le concept que nous voulons mettre en place ensemble, avec des organisations partenaires qui développent des mutuelles de base, accompagnent des organisations de l’économie sociale, ainsi que des Centrales syndicales entre autres. Au niveau national des plateformes nationales multi-acteurs la protection sociale se sont mises en place, le niveau régional/zonal s’est également organisé en vue de mettre une dimension supplémentaire. C’est justement ce qui fait la richesse de ce mouvement sur la protection sociale. En plus, nous voulons mettre ces différents réseaux régionaux ensemble dans une dynamique de construction d’un réseau international de protection sociale. C’est vraiment très encourageant.
Connaissant bien les problématiques de protection sociale, pensez-vous qu’il y a des progrès significatifs qui ont été faits, en prenant en compte ce que vous avez vu cette semaine en Guinée ?
Oui, certainement qu’il y a une politique de protection sociale dans certains de pays. Ici aussi en Guinée, une politique nationale de protection sociale est adoptée. Ce qui est important pour nous, c’est que la couverture maladie universelle s’intègre dans cette politique nationale de protection sociale, ce qui se passe déjà dans plusieurs pays. Il y a de bons exemples comme ceux du Mali, du Sénégal… où il y a des avancés encourageantes. Ici en Guinée, il y a un projet de Loi sur les mutuelles. Son adoption va doter le mouvement mutualiste de ce pays d’un cadre régulateur, justement pour encadrer son développement.
L’adoption de cette Loi fait partie des combats que mène la plateforme PPSOGUI pour la Guinée. Quand vous parlez de la protection sociale et comment est-ce que ça évolue, ce qui est important aussi de savoir, c’est l’implication des Institutions supranationales. C’est le cas de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), une Institution sous régionale qui dans le cadre d’un partenariat avec ce Réseau, a
adopté un Règlement communautaire régissant la mutualité au sein de l’UEMOA. Ce Règlement, ouvre la voie pour que les mutuelles aient l’opportunité d’être des acteurs des réformes de l’assurance maladie en cours dans les différents pays.
Je pense aussi que le cadre international nous offre aujourd’hui des circonstances pour accrocher la protection sociale à un agenda international. Je prends l’exemple du Bureau International du Travail (BIT) qui a défini un Socle de Protection Sociale dans lequel, l’accès aux soins de santé est pris en compte, avec la couverture maladie universelle ; il y a aussi les Objectifs du Développement Durable (ODD) qui donne un cadre international dans lesquels, toutes ces avancées peuvent s’inscrire. Ces efforts font partie des points d’attention d’une vision sur la coopération au niveau international.
Votre organisation Solidarité Mondiale (WSM) intervient depuis un certain nombre d’années aux côtés des populations au niveau mondial (pas seulement africaine), à travers certaines organisations partenaires. Est-ce que ces organisations peuvent continuer à compter sur votre accompagnement ?
Oui, bien évidemment. Je pense qu’une des spécificités du partenariat de WSM, c’est sa durée. Nos partenariats sont de longues durées parce que les objectifs de nos programmes sont assez importants et nécessitent que les organisations partenaires aient le temps d’avancer vers les résultats. Ce que nous essayons de faire dans la stratégie de ces programmes au niveau national, c’est le renforcement des capacités des partenaires et aussi l’apprentissage mutuel.
C’est la raison pour laquelle nous avons une stratégie de mise en réseau, aussi pour être reconnu comme un acteur de la Société Civile. La stratégie de mise en réseau est capitale pour les organisations de la société civile. Dans chaque pays où nous intervenons, nous essayons de mettre en place des réseaux et cela réussit. Nous donnons aussi un soutien à l’encadrement des mutuelles de base par exemple à travers des Services d’appui, parce que cela demande des animateurs et des professionnels. Il est important de professionnaliser le mouvement pour qu’il soit durable. C’est donc dans ce sens que nous avons certainement l’intention de continuer le partenariat. Il est important de savoir que c’est avec la Direction-Générale de la Coopération au Développement que nous développons cela. Nous avons entamé depuis l’année dernière un nouveau programme qui va durer jusqu’en 2021 et nous avons bien l’intention d’aller au-delà.
Nos partenaires peuvent continuer à compter sur notre solidarité, qui est aussi encrée dans le mouvement ouvrier belge, où la Mutualité Chrétienne belge est également impliqué et prend des engagements là-dessus et cela depuis plusieurs années. Elle aussi a l’intention de continuer. Ceci l’a amenée d’ailleurs à mettre en place un Service spécifique pour travailler avec Solidarité Mondiale dans la réussite de ses objectifs et de ses stratégies.
Monsieur le Secrétaire Général, vous avez abordé plusieurs fois, le volet Réseau international dans votre intervention. Ce volet évolue aussi progressivement. Qu’est-ce que vos partenaires en Afrique, peuvent attendre de ce réseau international ?
Oui, nous avons déjà mentionné notre manière de travailler ; mais ce que nous voulons atteindre à long terme, évidemment, c’est d’obtenir UNE PROTECTION SOCIALE POUR TOUS ! C’est la grande ambition.
Nous sommes tout à fait conscients que c’est un parcours de longue haleine. En Europe aussi, la construction d’un système de protection sociale a pris plusieurs décennies. Il fallait aussi passer par plusieurs crises, comme les guerres mondiales, pour avoir l’assise pour sa mise en place, parce que cela demande aussi l’implication des gouvernements. Il faut plusieurs types de financements, il faut aussi responsabiliser et sensibiliser la population.
C’est donc une lutte de longue durée et je dirai même une lutte éternelle, parce que même s’il y a certains résultats acquis, ce n’est jamais pour l’éternité. Dans le contexte international d’aujourd’hui, il y a des hauts et des bas, il y a des forces qui voient cela autrement et qui font croire que ceci n’est plus rentable, tandis que des études prouvent justement le contraire. Nous pensons que c’est tout à fait faisable, s’il y a la volonté politique de le faire, bien-sûr. Cette volonté politique, il faut continuer à la défendre.
Mais je pense que la Coopération internationale est consciente que c’est une stratégie de levier pour se confronter aux grandes inégalités et l’exclusion sociale dans le monde entier et dans les sociétés. C’est là une stratégie de travail décent, en faisant en sorte que les gens puissent gagner leur vie dans des conditions dignes, à travers une stratégie de protection sociale adaptée, pour protéger ceux qui ne peuvent pas obtenir un travail digne pour différentes raisons. C’est ce que nous espérons obtenir évidemment aussi pour l’Afrique, comme pour d’autres continents qui mènent également la même lutte. Même dans les pays occidentaux, je fais référence aux Etats-Unis, le système mis en place par le Président Barack OBAMA est déjà attaqué par Donald TRUMP ! Il y a là aussi des masses, des millions de gens qui risquent d’être exclus du système de protection sociale digne à l’avenir. Donc, nous devons rester des alliés, on doit créer des réseaux, créer des rapports de forces qui feront que nous défendrons ces Droits de l’Homme. Car en fait, tout cet agenda-là fait partie des Droits de l’Homme.
Question : Un dernier mot à l’endroit des organisations partenaires de WSM en Afrique !
Des partenaires de WSM en Afrique, je dois le dire, nous en sommes fiers. Ce sont des partenaires qui ont des capacités et surtout, qui ont la capacité de mobiliser et qui représentent une force de mobilisation sociale. Cela, c’est aussi important. Je vois beaucoup de programme qui font des investissements considérables, mais parfois la question sur leur durabilité interpelle, puis que ce n’est construit ni avec la société civile, ni avec la population.
Ça, c’est justement la force de nos partenaires qui arrivent à organiser la population. C’est aussi la raison pour laquelle, nous travaillons avec des organisations qui sont ancrées dans la société civile et où l’appropriation revient à leurs membres, à leurs militants.
Ce que je trouve aussi assez spectaculaire, c’est quand qu’on demande à ces partenaires de créer des synergies et qu’ils arrivent dans beaucoup de cas, à surmonter leurs différences, ce qui n’est pas toujours évident. Ici, je vois quand même, une certaine capacité à travailler en synergie. Evidemment, cela n’est seulement possible qu’avec un bon accompagnement. Et nous avons heureusement ici sur le continent, des collègues qualifiés, engagés, qui font que justement, le bon exemple est donné et l’accompagnement de qualité est apporté aux organisations pour qu’elles évoluent dans cette dynamique-là.
Je peux dire que Solidarité Mondiale est assez fière du cadre qui est mis en place en Afrique en général et particulier en Afrique de l’Ouest. Merci
Propos recueillis par Valère Koffi
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